| Au début du XIX° siècle, la peinture 
                          française connaissait la révolution 
                          romantique (Géricault, 
                          Delacroix), puis la révolution 
                          réaliste (Courbet, 
                          Millet) et naturaliste 
                          des peintres de l'Ecole 
                          de Barbizon (Daubigny, Rousseau, 
                          Millet, Troyon, Corot). Sous l'influence des paysagistes 
                          anglais Bonington, Constable, 
                          Turner, le paysage 
                          allait devenir un genre à part 
                          entière dans la peinture française 
                          (Corot en sera le représentant 
                          le plus illustre). Courbet, Corot 
                          et Delacroix, représentent alors 
                          l'avant-garde de la peinture 
                          française et vont constituer les modèles 
                          dont les impressionnistes s'inspirent 
                          à leurs débuts. Citons aussi les Rencontres 
                          de Saint-Siméon à Honfleur 
                          ( Boudin, Jongkind, 
                          Dubourg... ) que le jeune Monet 
                          fréquentait, et la découverte des estampes 
                          Japonaises (Utamaro, Hiroshigé, 
                          etc).  Le règne de Napoléon 
                          III, marque une rupture dans l'histoire 
                          artistique, entre d'un côté un 
                          art officiel ou art académique 
                          affadi (le style "pompier") 
                          représenté par Meissonnier, 
                          Cabanel, Gérôme 
                          et Bouguereau, et de l'autre un art 
                          indépendant ("Indépendants", 
                          Intransigeants", "Groupe 
                          des Batignolles", puis "Impressionnistes" 
                          : Bazille, Caillebotte, 
                          Manet, Monet, Pissarro, 
                          Renoir, Berthe Morizot, 
                          Sisley, Degas, Van 
                          Gogh pour un temps), en quête de sites 
                          nouveaux : Barbizon, Chailly 
                          en Bière, Argenteuil, 
                          Bougival, Moret sur Loing, 
                          Giverny, la Normandie, 
                          l'estuaire et les bords de 
                          Seine, Rouen, Le Havre, 
                          Honfleur, Sainte-Adresse. 
                         Ces peintres travaillent 
                          sur le motif et introduisent, grâce 
                          à l'utilisation des premiers tubes de 
                          couleur, de nouveaux procédés 
                          picturaux : l'utilisation de tons clairs, 
                          de couleurs pures, la division 
                          des tons (un orange est la 
                          juxtaposition de 2 couleurs pures, 
                          le rouge et le jaune) 
                          pressenties bien avant les découvertes du physicien 
                          Chevreul, l'obtention de la forme 
                          et du volume par les touches 
                          et les couleurs au lieu du dessin-contour, 
                          l'utilisation de l'épaisseur, 
                          des aplats de couleur... Délaissant les sujets 
                          historiques ou mythologiques, 
                          et la dictature de l'Académie 
                          des Beaux-Arts, les impressionnistes 
                          sont un groupe qui renouvèle 
                          les thèmes de la peinture. 
                          Ils rendent compte du monde contemporain, 
                          de la modernité chère 
                          à Baudelaire. Ils cherchent 
                          ces thèmes tant dans la nature 
                          que dans leur vécu quotidien, chacun développant 
                          sa propre thématique. Pour eux, 
                          un sujet en vaut un autre. Ce qui compte, ce n'est plus 
                          le sujet mais la vision de 
                          l'objet dans la lumière 
                          qui le baigne et la recherche picturale 
                          de celui qui peint. L'exécution 
                          d'un tableau est rapide, proche de 
                          l'esquisse. Il s'agit d'une impression 
                          fugitive, introduisant la représentation de l'éphémère, 
                          de la « liquide limpidité de la 
                          lumière » selon Marcel 
                          Proust. En 1886, année de leur dernière 
                          exposition commune à Paris 
                          et de leur première exposition 
                          aux USA, réalisée avec 
                          succès par le fidèle marchand 
                          d'art Durand-Ruel, les impressionnistes 
                          ont atteint leur but et sont enfin reconnus. Mais, à 
                          leur époque, leurs oeuvres apparurent 
                          d'une modernité tellement scandaleuse, 
                          qu'il fallut plus de trente ans à leurs contemporains 
                          pour, sinon les aimer, au moins les admettre. DLJ. |