Joachim Pierre Joseph Malézieux est né le
mercredi 7 février 1821 à Nauroy. Il est le
fils de Jean-Baptiste
Malézieux dit « Pazieux » (20 avril
1799 à Nauroy – 24 septembre 1882 à Saint-Quentin),
épicier en 1831, puis Conducteur des Ponts
et Chaussées, et de Clotilde
Eléonore Fontaine (1er janvier 1800 – 21 juillet 1867) Marchande.
Il est le deuxième d’une fratrie de huit enfants.
Son frère aîné Jean-Baptiste
Malézieux dit « Patiot » est artiste
peintre et épouse Virginie
Eulalie Laugée.
Son frère Jules
Maximilien Malézieux est Directeur de Halage et
Agent d’assurances.
Sa sœur Célestine
Marie Malézieux épouse Désiré
François Laugée.
Son frère Léon
Fursy Malézieux est compositeur de musique, professeur
et éditeur.
Sa sœur Clotilde
Eléonore Malézieux épouse le peintre
Philibert Léon
Couturier.
Le 13 septembre 1845 il épouse à Passy (Paris
XVI) Caroline Laugée.
C’est une triple union entre les Malézieux
et les Laugée pour la même génération.
Joachim Pierre Joseph Malézieux devient Géomètre,
puis Conducteur des Ponts et Chaussées.
Par ailleurs c’est un poète de talent.
Ingénieur en Chef, il enseigne à l’Ecole
des Ponts et Chaussées. En 1870, avec son cousin Emile
Malézieux, ingénieur des Ponts
et Chaussées comme lui, il est missionné par le Ministère
des Travaux Publics pour faire une enquête sur les réalisations
techniques en travaux
publics aux Etats-Unis d’Amérique. Ils publient ensemble
leur rapport chez Dunod à Paris en
1873.
Comme beaucoup des Malézieux, il est passionné
de politique et est élu Conseiller Municipal
de Saint-Quentin pour un premier mandat
le 7 août 1881.
Le maire de Saint Quentin est alors Charles
Mariolle-Pinguet.
Joachim fait partie du comité du Cercle, groupe des
républicains indépendants.
Au conseil, il sera membre des commissions suivantes:
- commission des quartiers Isle et Remicourt.
- commission des travaux et du plan de ville.
- commission des beaux-arts.
- commission de réception des pavages.
Il est réélu le 11 mai 1884. Il reçoit le 3ème
plus grand nombre de voix lors du scrutin ( à l' époque,
on ne vote pas pour une liste mais pour des personnes).
Le maire est toujours Mariolle-Pinguet, qui démissionnera
en 1885. Il sera remplacé par Paul Béranger,
décédé en fonction en 1886; puis par François
Hugues.
Outre les commissions dont Joachim faisait déjà partie lors
de son premier mandat, il est également membre de
la commission pour le dessèchement du Marais d'Isle
et la commission de surveillance du cours de dessin de la
Société Industrielle.
Joachim ne se représente pas lors des élections du 6 et 13
mai 1888.
CONCERNANT SA VIE ARTISTIQUE :
Il est l'auteur de pièces de théâtre
"Le Point du Jour"
et "Les Noces de
Prométhée", cantates pastorales
jouées sur la scène du théâtre
de Saint-Quentin en 1867 avec accompagnement d'orchestre.
Léon, un de
ses sept frères et soeurs, compositeur,
est l'auteur de la musique de ces deux cantates.
PENSIONS CIVILES DIVERSES :
Pension d'invalidité versée par l'administration
civile (Ponts et Chaussées) d'un montant de 1 franc
et 216 centimes à compter du 01 mai 1878 suite à 30 ans, 6 mois
et 8 jours de services.
Par l’intermédiaire de son beau-frère Désiré
François Laugée il fait la connaissance d’Alexandre
Dumas. (voir les lettres ci-après).
Avec son épouse, il met au monde huit enfants, dont trois meurent
en bas âge. Les autres deviennent Artistes peintres,
musiciens, Architectes, poètes
:
Albert est Architecte,
écrivain et dessinateur ;
Joachim Georges
est musicien, compositeur et poète
;
Caroline est artiste
peintre de talent ;
Jules Joachim
est architecte, dessinateur, et écrivain.
Laure Ernestine
est artiste peintre.
Joachim Pierre Joseph Malézieux meurt le jeudi 14
novembre 1899 à Saint-Quentin, à l’âge
de 68 ans en présence de ses deux fils aînés : Albert
et Jules Joachim.
La famille Laugée était de religion réformée,
sans beaucoup pratiquer. Les Malézieux étaient
de tradition catholique. Caroline
Malézieux-Laugée, l’épouse de Joachim
Pierre Joseph Malézieux, devient catholique par son mariage,
mais leurs enfants sont soit catholiques, soit protestants : Joachim
Georges est catholique, Jules
Joachim est protestant sans pratiquer, Caroline
et Laure libres
penseurs ; on ne sait pas pour Albert.
Articles de presse commentant son décès.
« Un homme vient de mourir parmi nous, sans faire plus de bruit
en partant qu’il n’en faisait pendant sa vie ; et pourtant, l’hommage
d’une haute estime, non pas seulement celle des amis, mais celle de
tous faisait cortège à sa mémoire.
On dit beaucoup de mal du temps où nous vivons ; cependant, qu’un
homme de bien vienne à disparaître, et de ce modeste citoyen
qui vivait à l’écart, sans occuper de lui personne, tout
le monde se souvient. De graves paroles s’échangent alors à
propos de lui, rare et touchante oraison funèbre, que de brillantes
existences envieraient et n’obtiennent pas toujours. C’est que
cet homme portait en lui, cette chose que respectent même les plus sceptiques
et les moins scrupuleux, une conscience droite et pure ; et disons-le à
l’honneur de l’humaine espèce, rien de ce qui appelle l’admiration,
ni l’esprit, ni le haut talent, ni même les séductions
du génie, n’obtiennent d’elle le sincère respect
qu’elle accorde à ceux qui ont bien vécu.
Simple conducteur des ponts et chaussées, Pierre-Joseph-Joachim
Malézieux, fut dans cet humble poste ce qu’il se montra
partout, l’homme du devoir. Comment avec d’aussi minimes appointements,
il parvint à donner à une nombreuse famille, la sérieuse
éducation qui a fait à chacun de ses enfants la place distinguée
que l’on sait, c’est un problème dont la courageuse compagne
de sa vie a seule le secret. Sous un aspect grave et stoïque, Malézieux
cachait un cœur tendre et vibrant, un juvénile enthousiasme pour
le bien et pour le beau ; et les rares amis qui ont reçu les épanchements
de ce vieillard resté si jeune, mais qui se livrait peu, savent seuls
ce que renfermait d’exquise sensibilité, cette nature restée
vierge et sans tache.
Je me souviens d’un certain jour du mois de juin, où devant la
campagne couverte de moissons, ce taciturne qui cessait de l’être
sous le coup d’une émotion vive, s’épancha brusquement
dans un flux d’enthousiasme, où j’entendis chanter toutes
les voies de la nature. Soupirs du vent dans la ramée, bruissement
des insectes, frissonnement des épis, ondoiement moiré des seigles,
cris joyeux de l’hirondelle, caresses et rayons, tout y était,
mêlé et confondu dans un désordre saisissant. Fais-nous
des vers qui ressemblent à cette prose là ! m’écriai-je
tout ému.
Les vers qu’il a laissés, laissent deviner, peut-être,
mais sont loin d’exprimer le sentiment qu’il avait des choses
et la tendre idéalité de sa belle âme. Il est des êtres
dont le cœur parle si haut, dit Chateaubriand, qu’ils n’entendent
pas ce qu’ils disent. Si ce naïf avait su se traduire, il eut laissé
de lui quelque chose de profondément sincère et personnel ;
mais trop modeste pour oser, sa vénération pour les maîtres
de son choix, lui fut fatale. Il aurait pu donner sa note, il s’enlisa
dans l’admiration.
J’ai voulu dire un mot du cœur, sur cet homme excellent et rare,
qui n’ayant jamais su rien faire pour lui-même, a rendu aux autres
tant de services et laissé tant de regrets. »
Le Glaneur de Saint-Quentin, Janvier 1890.
« Aujourd’hui samedi ont eu lieu les obsèques de M.
Joachim Malézieux décédé à
l’âge de 69 ans, dans la nuit de jeudi à vendredi.
M. Malézieux a été longtemps conducteur
des ponts-et-chaussées, et, sans contredit, l’un des
plus distingués de cet important service. D’autres parleront
avec plus de compétence de ses travaux remarquables concernant entre
autres le contraste et le plan de la ville de Saint-Quentin.
Conseiller municipal de 1881 à 1888, on peut le citer
parmi les plus laborieux et les plus compétents. Son concours a été
souvent précieux pour le conseil, aussi lorsque sa santé le
contraignit de résigner son mandat, ses collègues furent unanimes
pour le prier de rester parmi eux.
La maladie qui déjà l’affaiblissait ne lui permit pas
ce surcroît de travail.
M. Malézieux a eu le mérite d’élever
une nombreuse famille dont les membres, dignes de la plus haute estime occupent
des situations honorables ; la bonne direction donnée à ses
enfants par ce père accompli n’y a pas peu contribué.
Notre concitoyen s’occupait à ses moments perdus d’art
et de littérature dont il aimait à parler. Nous avons eu plus
d’une fois le plaisir de nous entretenir avec cet aimable vieillard
dont l’esprit cultivé, la finesse et la bonté inspiraient
tout de suite une affectueuse sympathie.
Une foule considérable l’accompagnait à sa dernière
demeure. »
Le Glaneur, du 1er novembre 1889.
Joachim Pierre Malézieux vivait au 78 du boulevard
Gambetta à Saint-Quentin. Sa maison a aujourd’hui
disparue pour laisser la place à un ensemble de bureau.
Le 7 août 1881, il est élu au premier tour au Conseil
municipal de Saint-Quentin 18ème sur 42 conseillers.
Documents Annexes