Jules Charles Joachim Malézieux est né le
dimanche 5 janvier 1851 à Saint-Quentin. Il est le
fils de Joachim
Pierre Joseph Malézieux (07/02/1821 à Nauroy
– 14/11/1889 à Saint-Quentin) géomètre,
Conducteur des Ponts et Chaussées, Conseiller
Municipal de Saint-Quentin, Poète,
et de Caroline Laugée
(13/10/1819 Maronne (76) – 23/04/1908 sans doute à
Saint-Quentin) sœur aînée de Désiré
François Laugée. Ce dernier, en épousant Célestine
Malézieux, belle-sœur de sa sœur, devient aussi le beau-frère
de sa sœur. C’est simple !!!!
Jules Charles Joachim Malézieux est le troisième
des huit enfants de la famille. Ses frères et sœurs Paul,
Julien et Julie
meurent en bas âge. Ses autres frères et sœurs sont tous
artistes : peintre, musiciens,
architectes et poètes.
Il épouse Laurence Laugée
(29/05/1852 – 19/03/1941 Paris) une des filles de Désiré
François Laugée son oncle. Ils ont une fille Odette
Malézieux en 1889 qui sera compositeur de musique
et Premier violon à l’Orchestre Royal
de Bruxelles.
Jules Charles Joachim commence sa carrière en qualité
de commis, dans le cabinet de l'architecte
départemental Dablin.
Il participe à la confection des plans de la Sous-Préfecture
de Saint-Quentin et des ateliers Cliff.
Après la mort de celui-ci, en 1872, il crée son propre cabinet
d'architecture à Saint-Quentin, associé
à son frère Albert.
Leurs oeuvres sont nombreuses dans le Saint-Quentinois.
Les plus marquantes sont la mairie-école d'Aubigny
et à Saint-Quentin le Crédit
Lyonnais, place de l 'Hôtel de Ville, la Banque
de France (ancienne maison Pascault) rue d'Alsace,
les Ateliers Mécaniques, rue d'Orléans
(Pierre Brossolette), la maison d’Hugues-Cauvin,
fondateur de la Société Industrielle, en 1895
au coin des rues Raspail et du Gouvernement.
Mais ils construisent aussi à Paris, dont l’hôtel
de Julien Dupré, leur
cousin par alliance, boulevard Flandrin à Paris
XVI°.
C 'est à cette époque que se développe son goût
pour les choses du passé, notamment l'archéologie
et l' histoire locale. Il rapporte de tous ses déplacements
à travers le département de l'Aisne, de nombreux
croquis de qualité, réalisés à
la plume, qui dénotent les facilités dont il
était doté en toutes choses.
"L'église sera donc, évidemment, le sujet le plus fréquemment
couché sur son carnet de croquis. C'est ainsi que
pour les communes de l'arrondissement de
Saint-Quentin, auxquelles nous nous sommes limités
dans le présent album, plus de trente églises ont fait l'objet
de ses dessins.
Ceux-ci présentent aujourd'hui un intérêt multiple: artistique
par la qualité de leur graphisme, historique car la
plupart de ces monuments sont disparus, architectural parce que le dessin
est très souvent complété par un plan, quelquefois par
le dessin d'un ornement, régionale enfin, puisque l'auteur est un artiste
local dont le talent, reconnu à l'époque, est à redécouvrir.
Lors de la disparition de Jules Charles Joachim Malézieux
en 1906, deux albums de ses dessins originaux ont été
légués à la Société Académique
de Saint-Quentin. Conservés précieusement dans ses
collections, ils ont échappé par miracle aux
destructions et aux rapines pendant les deux dernières guerres.
Ils nous a semblé utile de sortir ces dessins des cartons, et, pour
permettre à tous les amateurs de les apprécier, d'en faire une
édition.
Ceux qui sont à la recherche du passé pourront y retrouver une
église, une maison, une fontaine, un puits aujourd'hui disparus et
qui ne sont plus que la mémoire du pays.
Du vivant de Jules Charles Joachim Malézieux, la revue
"Le Vermandois" a publié d'autres de ses
dessins. Deux de ceux-ci concernant Joncourt, ont été
repris pour compléter ceux des albums.
Enfin, pour faire place à un monument, lui aussi disparu alors qu'il
était chargé de souvenirs d'histoire, nous avons repris dans
la même revue un dessin du château de Caulaincourt,
mais de la main d'Albert Malézieux,
le frère de Jules Charles Joachim, qui avait lui aussi
du talent.
Il sont ainsi associés dans cet album, comme ils le furent dans la
vie."
André Vacherand, Secrétaire Général
de la Société Academique. ( extrait des "Monuments
du Saint-Quentinois" édité par la Société
Académique de Saint-Quentin.)
En même temps que le dessin, il cultive la poésie.
Ce goût pour la cadence et la rime date de son enfance. A quinze ans,
il rédigeait déjà de charmantes pièces
de vers.
Plus tard, malgré ses nombreuses occupations, il donne des chroniques
d'histoire locale à la "Petite Revue" et
les diverses revues périodiques d'architecture publient
ses pièces de vers où s'exerce sa verve patriotique contre les
injustices, les abus et surtout les atteintes au bon goût en matière
d'art.
Son recueil, "Les Vermiculures",
est édité au profit de la caisse d'assistance aux architectes
français.
Le 3 septembre 1906, Joachim Malézieux meurt à
cinquante cinq ans après une courte maladie. Il est enterré
au cimetière Saint Jean de Saint-Quentin.
Son caveau existe toujours, et est surmonté d’une colonne brisée.
Ce qui laisse à penser qu’il était membre d’une
Loge Maçonnique. Sont enterrés dans le même
caveau, Laurence Malézieux-Laugée,
son épouse et Odette
Malézieux leur fille. De religion protestante, il a vécu
en libre penseur loin de la pratique religieuse. Son frère Georges
Joachim Léon Malézieux était devenu catholique très
pratiquant et oblat d’un Tiers Ordre.
Les réunions de famille devaient être animées !!
Il laisse dans ses tiroirs un nouveau recueil de poésies "Les
jours de souffrance".
Il était, comme son père et comme son frère, membre
de la Société Académique de Saint-Quentin.
Il fût également:
- Expert près des tribunaux
- Président de la société des architectes
de l'Aisne
- Vice-président de la société d'assistance confraternelle
des architectes français
- Archiviste de l'association provinciale des architectes français
- Membre de la commission sanitaire de Saint-Quentin
- Président du jeu de paume de Saint-Quentin
- Membre de l'association de secours aux blessés
- Membre de l'association des anciens militaires de terre et de mer
et des membres de la légion d'honneur.
- Membre de la Société Académique de Saint-Quentin
depuis 1877.
Son frère et associé Albert
meurt à son tour le 28 octobre 1908. Après la disparition des
deux frères, la famille cède leur cabinet à Julien
Coutelier et Henri Mabille pour la somme de 5000
francs.
OBSEQUES DE JOACHIM MALEZIEUX , architecte
, 07/09/1906.
Il est vraisemblablement protestant, car c’est le pasteur Dejarnac
qui procède aux obsèques.
Discours de Jules Hachet, vice-président de la société
des Architectes de l’Aisne.
« Très jeune encore, en 1867, il entra chez Dablin,
l’architecte départemental qui a laissé
un nom grâce à ses œuvres pleines de mérite, et il
ne cessa de le seconder jusqu’à sa mort survenue en 1872. C’est
dans cette période que commença à se développer
son goût inné pour les choses du passé, notamment l’archéologie
et l’histoire locale.
Le nombre de croquis faits par lui dans ses pérégrinations
à travers le département de l’Aisne est
vraiment considérable.
Ces croquis dénotent l’extrême facilité
dont il était douée en toutes choses, car en même temps
que le dessin, il cultivait la poésie.
C’était chez lui un fait qui datait presque de l’enfance,
et sa famille possède ses premiers vers écrits dès sa
quinzième année. Il s’y rencontre des pièces pleines
de sentiment et tout à fait charmantes de forme.
Plus tard, puisque nous sommes sur ce sujet , malgré de nombreuses
occupations, il publia dans les revues périodiques d’architecture
des piécettes où s’exerçait sans fiel sa verve
satirique pour corriger ou pour dénoncer des hérésies
en matière d’art.
Les Vermiculures, éditées
en volume, ont été généreusement éditées
au profit de la caisse d’assistance confraternelle des architectes
français.
Les
Jours de souffrance, allaient avoir la même destination lorsque
la mort l’a pris.
Son œuvre d’architecte est considérable,
nous ne pouvons l’énumérer ici. Nous pouvons cependant
citer le bâtiment des constructions mécaniques, rue d’Orléans,
et le Crédit Lyonnais,
place de l’hôtel de ville ; et nous devons reconnaître
chez lui que, la conscience et la science marchaient de compagnie.
Dans le domaine de l’expertise il se dépense presque sans compter
avec une sagacité remarquable et un sens très juste des situations.
Joachim Malézieux était bon et serviable pour
tous, il était avant tout l’homme du devoir, d’une exactitude
et d’une régularité sur lesquels on pouvait toujours compter.
»
Peintres et Sculpteurs