Julien Dupré se dirige très
tôt vers une carrière de peintre. Il fait les
Beaux Arts dans les ateliers de Désiré
François Laugée, puis de Isidore Pils et
Henri Lechmann. Il se lie d’amitié avec Georges
Laugée son futur beau-frère qui suit le même cursus
que lui.
Dans la lignée de Jean-François Millet
et de Jules Breton il va exceller dans la peinture réaliste
avec Léon Lhermitte, Jules Bastien-Lepage
et Pascal Dagnan-Bouveret. Il devient un des meilleurs peintres
animaliers. Il est très exigeant dans son art,
observe avec finesse et vérité la vie des paysans
qu’il reproduit dans ses toiles avec fidélité
et possède un don pour jouer avec les couleurs, la lumière
et les ombres et donner vie, force et mouvement
à ses sujets.
Entre académisme et impressionnisme,
l’œuvre de Julien Dupré s’inscrit
dans la lignée de celle de son beau-père Désiré
François Laugée, de son oncle par alliance Philibert-Léon
Couturier et de son beau-frère Georges
Laugée. Elle s’attache à mettre en scène
les travaux des champs dans leur dure réalité
et à montrer la connivence entre l’homme et l’animal.
Les personnages ne sont pas figés dans des poses académiques
mais sont en mouvement dans l’action, dans l’effort comme dans le
repos, montrant ainsi leur humanité. Les paysages, bien
qu’imaginaires dans la plupart des cas, s’inspirent de la campagnepicarde dans la région de Saint-Quentin
et de Nauroy.
Comme son beau-frère Georges
Laugée, Julien Dupré commence sa carrière
artistique dans le sillage et l’ombre de Désiré
François Laugée. Au début des années 1880, dans
les Salons où il expose, on le nomme
Julien Dupré-Laugée. Il lui faudra quelques années
pour devenir Julien Dupré.
A propos de son tableau « Le
ballon », un critique écrivait : « Monsieur
Dupré, dans Le Ballon où les
faneuses interrompent leur besogne pour regarder un aérostat
dans la nue, est demeuré carrément vigoureux et rigoureux envers
la nature, en refusant selon son habitude toute concession
à l'école nouvelle qui estompe les formes
et les tons et les noie dans une fluidité grise ou violette.
L'auteur du ballon s'est donc uniquement préoccupé
de rendre brutalement son impression et de bien mettre en valeur
les figures vivantes sur fond de paysage. »
A son tour Guy de Maupassant commente : «
Chaque fois que je retourne au Salon, un étonnement
me saisit devant les paysanneries. Et ils sont innombrables
aujourd'hui, les paysans. Ils ont remplacé les Vénus
et les Amours, que seul M. Bourguereau continue
à préparer avec de la crème rose. Ils bêchent, ils
sèment, ils labourent, ils hersent, ils fauchent, ils regardent même
passer les ballons, les jolis paysanspeints.
»
Lors du Salon de Saint-Quentin de 1886, à
propos de ses deux tableaux exposés : « Le
ballon » et « Dans
la ferme » un critique écrivait ceci : «
M. Julien Dupré est un campagnard assez
robuste. Il a une manière large et résolue qui refuse obstinément
de sacrifier à la maladie nouvelle : il n’estompe ni les formes
ni les tons dans la buée grise dont on nous vente les
séductions. Il croit que la prairie est verte, et il
a le courage de le dire. Malheureusement, les tableaux de M.
Julien Dupré sont un peu trop pareils à ceux
qu’il nous a déjà fait voir. Le ballon nous
raconte comment les faneuses interrompent leur travail et lèvent
le nez en l’air pour regarder passer dans le ciel la boule emplie de gaz
; le motif n’a pas un grand intérêt ; quant à l’autre
peinture de l’auteur, Dans
la Ferme, c’est un épisode nouveau d’une lutte dont M.
Julien Dupré s’applique à noter toutes
les péripéties : des paysans possède une
vache de mauvais caractère ; un jour, elle brise sa
corde et ses sauve dans la campagne ; une autre fois, elle
refuse de rentrer à l’étable. De là,
des querelles interminables. Nous aurons ainsi toutes les phases de la discussion.
Cette vache autonomiste est d’ailleurs d’un dessin
solide et nerveux. »
Bouguereau et Breton sont
ses modèles mais il se laisse aussi influencer par le mouvement
impressionniste, utilisant le couteau pour apporter
plus de relief et de vibration à sa peinture.
Il fut vite connu et reconnu aux Etats-Unis
où il vendit de nombreuses toiles qui, aujourd’hui,
ornent les Musées d’outre Atlantique.
Ses œuvres sont encore très prisées et peuvent
être vendues ou achetées sur des sites de galiéristes,
notamment américains.
Dans son atelier il reçoit des élèves
dont Connell Edwin-D. peintreétats-unien
vivant à New-York, où Maurice
Malézieux.
Il expose au Salon de Paris de manière
régulière de 1876 jusqu’à sa mort en 1910.
En 1889, il reçoit la médaille d’or
à l’Exposition Universelle de Paris.
Enfin en 1892, il reçoit la Légion d’Honneur.
Ce qui sera un sujet de brouille avec quelques amis qui le
jugeaient compromis avec le pouvoir.
Avec la famille Laugée et la famille
Malézieux, il a su découvrir la nature et la vie
paysanne dans le berceau picard des Malézieux
à Nauroy et à Saint-Quentin.
Il travaille dans l'atelier parisien du 20
boulevard Flandrin dans le XVI° qu’il partage avec
son beau-frère Georges
Laugée. Mais il est aussi peintre de plein air.
Il transporte son atelier de campagne avec tout son matériel
pour peindre où il veut.
Lorsqu’il meurt en 1910, Georges
Laugée, son beau-frère, va s’installer 23 boulevard
Lannes, toujours dans le XVI° arrondissement.
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